Une histoire de pêche drôle de 1988 par un pêcheur Français Guy MARNIER
Je suis un pêcheur français – je pêche les eaux irlandaises depuis plus de 30 ans et voici l’histoire drôle qui m’est arrivée en août 1988, à Clifden.
En 1988, nous avons loué une maison dans le Connemara, à Clifden, avec un couple d ‘amis .
Nous étions en vacances et voulions pêcher le saumon et la truite de mer dans les rivières de Connemara (Owenmore notamment).
La pêche n’était pas bonne (pas d’eau fraîche dans les rivières à crue).
En nous promenant dans Clifden, j’ai lu une affiche annonçant l’organisation d’une compétition de pêche le dimanche suivant sur le lac du célèbre château de Ballynahinch.
C’était pour nous l’occasion de pêcher ces eaux renommées et difficilement accessibles sans réservation préalable.
Les inscriptions se faisaient dans un pub mais le gérant a longuement hésité avant d’accepter de nous inscrire car il nous a précisé que le challenge était dédié à la mémoire de son père qui avait beaucoup fait pour la société de pêche locale et il ne voulait pas que le premier prix, un trophée en Cristal de Waterford, quitte l’Irlande.
Cela nous a fait rire : nous voulions simplement profiter du concours pour pêcher dans ces eaux bien connues et n’avions bien évidemment pas l’intention de gagner le trophée ni de l’emporter en France.
Nous fûmes donc inscrits et le dimanche suivant nous étions sur les bords du lac, bien avant l’heure du concours prévue à 10 h 30.
Nous avons commencé à pêcher vers 10 h 30: une canne à une main de 11 ” avec une Connemara Black, pour rester dans l’ambiance
A ma gauche, un grand pêcheur blond pêchait aussi et bientôt j’ai vu qu’il tenait un poisson. J’allais lui offrir mon aide – et voulais par la même occasion voir avec quelle mouche il avait séduit son poisson. Il avait attrapé une truite de mer de 12 à 13 pouces avec une Black Zulu.
Tous les pêcheurs de truites de mer ont des Black Zulu dans leur boîte de mouches … et j’en avais.
J’ai donc remplacé ma Connemara Black par une Black Zulu et j’ai perdu un premier poisson après 5 minutes de pêche. Dix minutes plus tard, j’ai attrapé un poisson de 12 pouces : petit poisson qui aurait normalement dû retourner à l’eau mais, dans les conditions du concours elle faisait largement la taille et je l’ai gardée.
Nos femmes et les enfants sont arrivés pour le pique-nique et nous avons marqué une pose, bien installés sur les rives de ce superbe lac.
Quand nous avons voulu reprendre la pêche, le temps avait changé: comme cela arrive fréquemment en Irlande, un fort vent s’était levé et des vagues de 40 à 50 centimètres agitent le lac et rendaient la pêche pratiquement impossible pour tout le monde.
Un responsable du concours est passé dans l’après-midi pour faire le point avec les pêcheurs et, selon lui, j’étais le seul à avoir attrapé un poisson sur notre rive.
A 17 heures, un coup de fusil a mis fin à la compétition et les 121 pêcheurs compétiteurs se sont retrouvés dans les somptueux salons du château de Ballynahinch pour la remise des prix
Le gagnant était un pêcheur irlandais ( un O’ quelque chose) qui avait pris un poisson de trois livres environ.
Il a rapidement montré sa truite dans un sac en plastique transparent en levant le bras et il n’était pas nécessaire d’être un spécialiste pour voir qu’elle sortait directement du congélateur…
Le second, c’était moi. Je dis second et non deuxième car il n’y avait pas de troisième .J’ai été invité à choisir un lot et mon choix s’est porté sur une topette à whisky en étain, gravée de la date du challenge avec un pêcheur à la mouche d’un côté et une jolie truite de l’autre : j’étais ravi .
J’ai proposé d’arroser cela au bar du château avec une Guinness.
Nous nous sommes assis au bar et avons commandé notre bière .
En regardant machinalement autour de moi, j’ai vu mon pêcheur du matin: je l’avais oublié. Il buvait sa bière et se regardait dans le miroir du bar .
Je l’ai interpellé et lui ai demandé pourquoi il n’avait pas montré son poisson .
Il m’a répondu: « Je n’ai pas pu… » J’ai dû le regarder avec des yeux ébahis . Très surpris, je lui ai demandé “pourquoi?” A quoi il a répondu “Je l’ai mangé …”
Il m’a expliqué qu’il était hollandais et que c’était la première truite de mer qu’il prenait de sa vie (moi qui pensais avoir affaire à un spécialiste local de la truite de mer …) des gens lui avaient dit que ce poisson était très fragile et tournait rapidement . Il est donc reparti à son camping-car, l’a cuisiné et l’a mangé.
Quelques années plus tard, en septembre, avec quelques amis nous rentrions en France après une session de pêche en Irlande et, sur le ferry, mes amis et moi buvions une bière avec quelques pêcheurs Bretons. L’un d’eux nous a déclaré qu’il avait une bonne histoire à nous raconter. Et il nous a raconté cette histoire, en riant fort, évoquant la peur des organisateurs de voir le trophée en Cristal de Waterford aller en France … et contraints de sortir une truite du congélateur pour « sauver » leur précieuse coupe de cristal.
Je l’ai laissé rire et lui dis alors que le Français qui avait “gagné” la compétition de pêche de Clifden, était devant lui et que c’était moi ..
Il y a une prescription mais j’aime raconter cette histoire vraie mais qui aurait demandé beaucoup d’imagination surtout en ce qui concerne le Hollandais qui a mangé son poisson.